Lino MPUNGI, un acteur zélé et passionné des médias catholiques.
Par
François DIMPUTU
Diplômé d'Etudes Approfondies en SIC de l'IFASIC. Spécialiste en Bibliologie et Bibliothéconomie et Archives.

Formé en Théologie et Sciences Humaines, il va vite se convertir en animateur de Radio et télévisions, et finalement en formateur des communicateurs après des brillantes études en communication à Lion en France. Ce faisant, nous inscrivons notre écrit dans le contexte de la communication de l’Eglise catholique. Nous nous appliquons à cet exercice de manière suivante : 1. Information et médias de l’Eglise ; 2. Parole orale et documentation écrite : stratégies de la communication de la CENCO, 3. Implication de l’Eglise dans l’espace médiatique national, 4. Emission religieuse catholique à la CENCO, 5.Conclusion. 1. INFORMATION ET MEDIAS DE L’EGLISE La mission de penser, de former et de promouvoir l’action de l’Eglise en matière de communication sociale a été confiée à la Commission épiscopale de communication sociale. L’objectif poursuivi est d’évangéliser le monde de communication sociale selon l’esprit de l’évangile. Pour ce faire, les tâches suivantes ont été retenues : - Penser la communication sociale afin d’aider l’Eglise à accomplir sa mission évangélisatrice ; - Promouvoir et animer les services ecclésiaux dans les moyens de communication à tous les niveaux de l’Eglise-famille de Dieu ; - Accompagner et former les professionnels et les associations des communicateurs catholiques de relever les défis éthiques et pastoraux ; - Assurer la présence de l’Eglise et de son accompagnement dans le monde de la communication ; - Vulgariser les éditions du Secrétaire Général et coordonner ses services techniques de la communication, notamment, les journaux, l’émission religieuse catholique et le site internet . Avant de nous faire une idée sur les repères de l’information et des médias après 1960, nous allons nous appesantir sur un aperçu historique de la tradition scripturaire congolaise. Cet aperçu a le bénéfice de tracer l’itinéraire et l’évolution de la production de la documentation écrite de l’Eglise. Ainsi, nous pouvons comprendre et situer la production éditoriale de la CENCO. Aux origines de la presse écrite, c’étaient les missionnaires protestants et catholiques qui possédaient des supports écrits en vue de l’évangélisation soulignaient le Professeur MBELELO, en parlant de l’histoire et rôle de la presse en République Démocratique du Congo. Il importe de noter aussi qu’en matière des statistiques nationales des livres, en dehors de la CENCO, existaient déjà deux périodiques pour autochtones sous le patronage des missionnaires Suédois. « Le premier journal parut sur le sol congolais fut Minsamu myayenge ». Il s’agit plus tard du périodique « Sekukianga » qui veut dire : il est temps, il fait jour. Edité en 1891 au Kongo central, ce périodique de confession protestante est considéré comme l’ancêtre de la presse chrétienne dans notre pays. En 1901, à Kisantu, Kongo central, parut sous les presses de l’imprimerie Saint Ignace, qui deviendra SODAZ et rédigé en dialecte (Ntandu) la revue « Ntentembo eto » qui signifie : notre étoile. On parait y lire les nouvelles des paroisses catholiques dans le Vicariat de Kisantu, les leçons de catéchisme, de grammaire et d’hygiène . Les Rédemptoristes, Scheutistes, les Méthodistes, les Maristes, les Pères Blancs, les Frères des Ecoles Chrétiennes et autres tentèrent la même expérience, au point que chaque confession ou congrégation religieuse finie par mettre au point, en faveur des populations et surtout pour des besoins des catéchumènes et des néophytes, des imprimés en langue ou dialecte du terroir d’implantation . Ces confessions religieuses montèrent un certain nombre d’imprimeries ou de maisons de presse dont les plus importantes : l’imprimerie de la mission suédoise (Missionnaire Protestant à Matadi), l’imprimerie des Frères des Ecoles Chrétiennes à Tumba, Kongo central, dans les Cataractes. Cette dernière fonctionna tour à tour à Tumba sous l’appellation « Imprimerie Kukiele » de 1926 à 1974, puis en 1975 transférée à Kinshasa – Kitambo, sous la dénomination « Imprimerie Sigmum Fidei », qui signifie en latin signe de foi. Sont signalés entre 1914 et 1939 des imprimés des religieux édités en langues et dialectes locaux tels que « lokasa la katey » qui veut dire en lomongo : la genèse. Elle fut publiée par les Pères de Scheuts en Nouvelle Envers, actuellement Makanza, dans la Province de l’Equateur ; « Ekim’ea » la Nsango à lomongo : celui ou celle qui propage les nouvelles. Cette publication vit le jour en 1914 à Bolenge, dans la Province de l’Equateur. Dans le Kasaï paru en 1930, en Otetela « Dikendji dia Missio » ou le « Message en Mission ». C’est une publication des Pères Méthodistes à Wembo Nyama dans le Kasaï oriental. Peuvent aussi être cités des titres tels que « Telejay iMweka » ou « écoutez » et « Lumu luabena Kasaï » ou « Echo ou nouvelle des Kasaïens ». Telejayi Mweka connu sa première parution en 1917 en Français et en Tshiluba et avait pour ville ou siège d’édition : Mweka dans le Kasaï Occidental ; tandis que Lwebo fut le siège d’édition et de diffusion du périodique Lumul uabena Kasaï, c’est-à-dire écoutez les nouvelles des Kasaïens sous la conduite des Pères de Scheuts à Luluabourg, « Dibeji Dipiadipia dia Mamuetu Maria », à traduire « brochure consacrée à notre Mère Maria » ; tandis qu’à Kamponde dans le Kasaï, la publication « Nkuruze » ou « la croix » fut éditée par les pères de Scheuts. Dans la perspective de la statistique bibliographique internationale, « le Congrès International des Bibliothécaires réuni en 1926 à Prague, a résolu sous les auspices de la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle et de l’Institut International, un questionnaire uniforme et obligatoire pour tous sur la statistique internationale des imprimés et dont plus tard s’inspira l’UNESCO avec le schéma de Lucien March ci - après : catégories de matières ; nombre de livres parus dans le pays ; à l’étranger ; nombre de brochures ; nombre de publications périodiques ; nombre d’ouvrages imprimés dans la langue du pays ; dans une autre langue ; nombre de traductions éditées dans le pays ; nombre d’exemplaires ; tirage à part ; réédition et réimpression ; maison d’édition ; lieux d’impression et d’édition par villes importantes ; imprimés parues à l’étranger dans la langue de l’auteur ou dans la langue des pays auxquels il se rapporte ainsi que leurs traductions » . Il nous a paru utile indiquer dans cette logique et en tant que chercheur en bibliologie de reprendre en Français ou en langues Congolaises quelques titres édités par les missionnaires religieux offrant une vue d’ensemble sur la politique éditoriale au Congo-Belge jusqu’à 1930. Relativement à la période précitée, l’on sait qu’en 1933 les Missionnaires Protestants lancèrent à Léopoldville un titre non de moindre intitulé « l’Evangile en Afrique ».Sorti des presses, le 1er juillet 1933, l’hebdomadaire « la Croix du Congo ». Pour leur part, à Kisangani, les Frères Maristes se mirent en frais pour lancer la « Revue Kirongozi ». L’on ne retiendra que le vocable swahili, « Kirongozi » signifie le « Guide ». La même année, à Baudouin ville, l’actuelle ville de Moba, au Kananga, les Pères Blancs s’employèrent à assurer l’édition et la diffusion du premier numéro de la revue « Shauri na hadisi ». Il est de bon aloi de comprendre, comme l’indique la traduction du titre de ce périodique, que son contenu pouvait contenir des conseils et contes didactiques pour un comportement digne d’un humain dans sa société. Shauri na hadisi peut être traduit comme : conseils et contes. Dans son ensemble, « cette presse était à la fois un instrument de l’ère coloniale et de son règne mais aussi celui des transformations et mutations de la société congolaise dans tous les secteurs de la vie politique principalement » . En 1941, l’on reconnaît également aux Pères Blancs, le 1er novembre, le lancement de la « Revue Hodi ». Le terme « hodi » va de pair avec Karibu, formule de politesse et de bienveillance pour se faire annoncer à l’instar de : puis-je entrer ? Hodi est une invitation annonçant à l’hôte la porte ouverte pour une bienvenue. Le Père Jean Cornelius créa en 1942 à Liverville, l’actuelle ville de Kikwit, un cercle d’études qui devint par la suite « Bibliothèque des évolués » et que le 1er janvier 1945, l’on dénomma « Bibliothèque de l’Etoile ». Etoile ici a une triple signification : « signes d’orientation des Evolués vers une destinée meilleure ; l’Etoile du drapeau Congolais ; pour les missionnaires, l’Etoile évoquait avant tout la Sainte Vierge Marie à laquelle l’œuvre était dédiée » . Cette bibliothèque avait comme population-cible des lettrés, des prêtres, des séminaristes, des évolués tels que les enseignants, les infirmiers, les fonctionnaires. Elle comprenait les sept collections spécialisées ci - après : la Collection « Lumière et vie » éditait des ouvrages sur la formation religieuse et spirituelle en langue Kikongo, Tshiluba, Français ; la Collection «Eveil » exploitait des sujets profanes en Français pouvant éveiller la curiosité intellectuelle et culturelle à travers les contes, le théâtre, les adaptations sur l’Histoire Sainte ; la Collection « Etoile » spécialisée en brochures et livres illustrées en Français s’intéressait particulièrement à la formation sociale, en sciences et techniques, littérature, sports, biographie, loisirs ; la Collection « Beau Métier » éditait en Français des ouvrages sur les activités artisanales ; la Collection « Elite» diffusait en Français des livres, d’études et des romans sur la santé, l’éducation des foyers et des enfants ; la Collection « Vérité » publiait en Français sur les phénomènes sociopolitiques de notre temps ; la Collection « en langue vernaculaire » s’en employait à véhiculer les messages aux différentes couches de la population qu’il fallait instruire et former. Ce survol sur la genèse des éditions en RDC et la production éditoriale de la CENCO mettent, en relief, le rôle d’initiateur si pas de promoteur en matière de tradition scripturaire et éditoriale joués par les confessions religieuses parmi les couches sociales Congolaises à évangéliser. Ces confessions avaient singulièrement trois missions à réaliser : civiliser, christianiser et coloniser. Nous pensons, en conclusion, qu’une approche à la fois bibliologique et bibliométrique peut confirmer ou infirmer le rôle de l’écrit face aux problèmes économiques, sociologiques, politiques, culturelles, etc., et ce, pour le développement de tout homme et de tout l’homme. Pour la presse écrite et la radio, il est sans doute qu’en grande partie, « l’initiative de la radio diffusion au Congo revient à l’Eglise Catholique Romaine avec sa radio Léo » en 1937. A bien suivre la cartographie de création des périodiques et l’implantation des imprimeries à travers le pays, il y a lieu de remarquer que l’Eglise catholique procédait et procède encore par des stratégies innovantes de communication. C’est de ces stratégies de communication que nous voulons parler dans les lignes qui suivent.

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